Landscape is Singing / Salt Rain
Le Chant du Paysage /Landscape is Singing
L’essence même de mon approche du paysage est en lien avec la conscience que tout élément dans la nature est pourvu d’une sensitivité propre à soi, comme la science contemporaine tend à le démontrer. Comment rendre visible cette vibration vitale de tout élément ?
La frontière entre visible et invisible forme le point de départ de mon travail sur le paysage. Dans ce travail on retrouve la présence de lieux qui sont habités en tant qu’éléments d’être, d’existence.
Ces paysages trouvent leurs origines dans une distance géographique et temporelle. On n’y voit personne, on est projeté dans un espace animiste.
Sa beauté apparente se mêle à l’inquiétude de la disparition qui devient omniprésente.
Salt Rain
Le mot français Bleu, forme masculine de la couleur bleue, désigne une contusion, un bleu, un hématome, une ecchymose …
Une ecchymose est un caillot de sang sous la peau. Une ecchymose parait sur la partie du corps qui a été frappée par quelque chose ou que quelqu’un a endommagée. Sa couleur est variable, passant du rougeâtre au jaunâtre et au bleu-noir.
Mes œuvres animistes, profondément ancrées dans l’expérience du paysage, semblent à première vue être esthétiques. Mais à travers elles, je réfléchis à la douleur de la beauté, à la vulnérabilité du paysage et à la beauté de l’horreur qui lui est infligée. À l’heure actuelle, ils véhiculent un sentiment particulier d’effroi face à la perte de tout ce qui est beau et vivant – mais qui meurt.
Ma série Salt Rain est comme le corps du monde.
Il contient l’idée de la pluie qui ne pleut pas ou de la pluie qui blesse. Le sel ne pleut pas, et en même temps nous pouvons demander s’il pleut tout court.
Le corps du paysage se couvre peu à peu de taches, de bleus rouges, bleus, rouges-bleus, d’hématomes.
Nous ne les remarquons peut-être pas au premier abord, mais peu à peu nous les sentons et entendons leur chant de détresse.
Carita Savolainen